La décarbonation est aujourd’hui un enjeu majeur dans l’industrie. Il est nécessaire de définir une stratégie claire pour décarboner, que cela concerne les émissions liées à votre core business, à la fabrication de vos produits, et bien sûr aux consommations directes d’énergies fossiles dans vos usines.
La Stratégie Nationale Bas Carbone place alors l’efficacité énergétique comme l’un des premiers leviers activables pour réduire son empreinte carbone industrielle. Moins consommer d’énergies pour le même rendement industriel, c’est déjà moins émettre de CO2.
Dans cet article, découvrez les bonnes pratiques de mise en oeuvre de votre projet de performance énergétique dans votre usine.
Quels sont les 3 leviers principaux pour réduire ses impacts environnementaux directs dans l'industrie?
- La performance énergétique : elle correspond à la réduction des consommations énergétiques.
- L’intégration d’énergies renouvelables : en remplaçant par exemple des énergies fossiles par de la biomasse, ou encore en produisant de l’électricité avec des panneaux photovoltaïques.
- La mise en place de contrats durables : par exemple en achetant de l’énergie renouvelable avec des contrats d’achat d'électricité (“PPA”, Power Purchase Agreement), qui sont des engagements pour acheter une énergie renouvelable spécifique sur des longues durées.
Définir votre référent énergie
En premier lieu, la motivation ne suffit pas totalement, il faut procéder avec méthode pour enrichir sa démarche RSE.
Il est conseillé de nommer un référent énergie dans votre société. Cette personne sera chargée de ce projet à long terme dans une démarche d’amélioration continue. Il donnera sa direction au projet, ses objectifs, ses moyens et sa feuille de route.
Il convient également de mettre en place une formation solide et continue de ce référent énergie.
En termes de profil, ce sont souvent des collaborateurs qui connaissent bien les procédés et machines (e.g. services exploitation, moyens généraux, services), et s'intéressent fortement à l’énergie. Toutefois, on assiste à un élargissement du rôle de référent énergie, qui doit intégrer une vision de type schéma directeur industriel et data management dans son périmètre.
Définir votre plan d'actions à partir d'un audit énergétique
Le plan d’actions de performance énergétique est généralement issu d’un audit énergétique (obligatoire pour les sociétés au-delà de 250 salariés, ou un chiffre d’affaires > 50 M€ et un bilan > 43 M€, sauf si certification ISO 50 001 en cours). L’audit permet de hiérarchiser les actions, de les prioriser dans le temps, et de définir un temps de retour sur investissement.
Il existe 2 types d’actions de performance énergétique :
- La chasse au gaspillage : cela repose sur la mise en place de bonnes pratiques sans ou avec peu d’investissement en équipements. Ce type d’actions nécessite du monitoring énergétique et un management quotidien, par exemple grâce à un logiciel de gestion énergétique comme celui d’Energiency.
- L’anticipation des investissements : des opportunités d’optimisation énergétique peuvent apparaître lors du remplacement de machines (dépenses CAPEX) ou lors de la mise en place de nouvelles subventions, comme avec le Plan de Relance actuel. Il faut préparer ces investissements à l’avance, c’est aussi le rôle de l’audit énergétique. Celui-ci peut préconiser un plan de comptage avec des moyens de suivi de base pour le Référent Énergie.
Définir votre plan de comptage énergétique et sa granularité
La première étape de pilotage énergétique est de suivre régulièrement les consommations issues des compteurs généraux et d’avoir accès à la courbe de charge sur l’électricité pour connaître sa consommation talon.
Ensuite, quand on commence à avoir des factures énergétiques plus importantes, on met en place un plan de sous-comptage énergétique.
Le sous-comptage permet :
- De suivre les Usages Énergétiques Significatifs (UES), au sens de la norme ISO 50001. Le but est de suivre les plus gros postes de consommation, qui représentent 80% de la consommation de l’usine ou de l’atelier, car ils représentent le plus gros gain énergétique possible ou des usages critiques et dérives importantes (ex: vanne qui reste ouverte).
- D’intégrer les données de production et de créer des ratios (ex: kWh consommés par tonnes de produits fabriqués sur un atelier). Le but est d’aller chercher, dans les Système de Management Énergétique et l’entrepôt de données des entreprises, des données de production qui influencent potentiellement l’énergie, et de croiser les consommations énergétiques avec ces données de production.
- De poser les bases de l’architecture technique du plan de comptage : compteurs communiquant en temps réel, pas de relevés à la main, technologie sans fil, couplage avec l’entrepôt de données de l’entreprise, maximisation de la durée de vie des capteurs…
Optimiser son data management pour concrétiser des gains
Quand on est une PME industrielle et qu’on ne dispose que d’un seul compteur avec la courbe de charge sur l'électricité, on peut déjà faire des merveilles. Il y a peu de machines et il est rapide de visualiser et de comprendre les consommations d’énergie. Sur des sites plus grands, un plan de sous-comptage est nécessaire.
Grâce à l’IA, on peut aussi être proactif et anticiper des consommations énergétiques, et ne plus être uniquement dans l’explication de données passées. L’IA est une technologie aujourd’hui mature pour identifier des gisements d’économie d’énergie. Elle permet de créer des jumeaux numériques et d’identifier en temps réel l’écart entre les consommations réelles et les modèles numériques des meilleures pratiques de consommation, sur des séries spécifiques.
La donnée est aussi un levier indispensable pour initier une démarche avec les équipes de production. Les Référents énergie ont parfois des difficultés à sensibiliser les équipes opérationnelles, qui ont leurs propres objectifs de performance industrielle et de rentabilité. Or, la donnée offre une base de discussion objective, un langage commun et permet l’identification de bénéfices accessibles sur les utilités (air comprimé, éclairage, etc).
Comment financer son projet de performance énergétique?
Il existe de nombreuses solutions, quelle que soit la maturité énergétique de votre secteur industriel et de vos usines :
- Programme ProRefei : financé par l’ATEE, ce programme permet de former les Référents Énergie sur quelques jours.
- Diag-eco-flux : BPI finance 80% de l’intervention de bureaux d’étude dans les PME, après la mise en place d’un audit énergétique, ainsi que l’accompagnement à la réalisation de plan d’actions de performance énergétique.
- Guichet ASP : via le Plan de Relance, il finance la mise en place de compteurs et logiciels de performance énergétique avec des taux évolutifs selon la taille de l’entreprise.
- La fiche CEE-Ind-UT-134 (via les Certificats d’Economies d’Energies) : cette fiche spécifique permet de financer la mise en place d’indicateurs de performance énergétiques : les IPÉ. Par le biais de cette liste d’indicateurs (ex: ratio de consommation d’énergie / données de production sur une chaudière), on mesure les puissances derrière ces indicateurs. Ces puissances donnent le droit à des CEE qui permettent de financer un logiciel de suivi énergétique et de compléter des plans de comptage.
Etes-vous prêt à passer à la vitesse supérieure pour améliorer l’efficacité énergétique dans vos usines ?
Nous sommes à votre écoute pour étudier votre projet avant de mettre en place des actions concrètes, basées sur l’IA et l’IH, pour identifier de nouveaux gisements d’économies d’énergie.
Les propos présentés dans cet article sont extraits de l’intervention de Guillaume, Accarion, CEO de la société Akajoule, lors du webinar “Réussir un projet de performance industrielle grâce à vos données” (mai 2021).